dimanche 3 mai 2020

Chronique des confinés de la Bréhardière: samedi 2 mai 2020

Ce matin, grasse matinée avec un roman "Une femme à Berlin", confinée dans la capitale les derniers jours de la fin de la guerre avec l'arrivée des russes. A la Bréhardière, en comparaison, c'est le paradis !
Un martinet dans le ciel qui ne tarde pas à pleurer.

Je rappelle que toutes les photos sont prises à la Bréhardière et depuis le confinement, sauf mention contraire.

Photo mystère: la réponse

C'est le jardin dans la cuisine. Ce sont des pousses d'Alfalfa dans le germoir.


Un peu d'ornithologie


    Mais d'où viennent ces Hérons gardeboeufs qui se posent dans le jardin ?
Depuis plusieurs années pendant l'hiver, un dortoir de ces oiseaux est établi à la Varenne (49) vers les bords de la Loire. Au printemps, ils se dispersent, les adultes rejoignent les colonies de nidification dont la plus proche se situe au marais de Goulaine sur Saint-Julien-de-Concelles, ce sont sans doute 200 couples qui s'y reproduisent. Les subadultes visitent différentes colonies, explorent de nouveaux sites.

   J'ai l'impression que ces gardeboeufs qui me rendent visite, ou plutôt à mes lézards, viennent de la Varenne. Dans leurs déplacements les individus viennent ou se dirigent vers ce dortoir. Peut-on espérer une nouvelle colonie ?

   Mais d'où viennent les gardeboeufs. C'est la même espèce que vous voyez dans les documentaires animaliers marchant à côté des éléphants, des zèbres, des girafes dans les savanes africaines. Ces oiseaux étaient connus comme nichant dans la Pénisule Ibérique  depuis le 19ème siècle mais les documents que j'ai consultés ne m'ont pas permis de trouver la date exacte de leur implantation. 
   Fin 19ème et début 20ème siècle, la plumasserie (traitements des plumes pour les chapeaux et la mode), qui devient une industrie florissante, et le classement des hérons comme nuisibles, ont sans doute freiné l'expansion des gardeboeufs.


Photo prise au marais de Goulaine en 2019
   Le Héron gardeboeufs est un oiseau nicheur en France métropolitaine depuis une date relativement récente. Le premier cas de nidification connue remonte à 1957 mais il faut attendre 1969 pour une première reproduction donnant des jeunes à l'envol, deux couples élèvent 9 jeunes. 
   20 ans plus tard, le delta du Rhône accueillait plusieurs centaines de couples nicheurs, chiffres fluctuant suite aux vagues de froid qui décimaient les populations. 2 nouvelles colonies s'étaient installées en Alsace et en Gironde.
  En 2007, la population était de 14 130 couples, chiffres obtenus par un recensement national. A cette date, 90% de la population nichait dans les Bouches du Rhône. En cette année 2020 devait être réalisé une recensement national des hérons nicheurs, mais avec le confinement c'est raté.
  On voit que la dynamique des populations de ce petit héron est impressionnante. Alors que nos oiseaux les plus communs régressent de façon dramatique, il est incroyable que ces oiseaux colonisent petit à petit la France. Son classement en espèce protégée n'explique pas tout.
  Le Héron gardeboeufs n'est pas une espèce spécialiste, il ne se nourrit pas uniquement dans des zones marécageuses. Vous pouvez le voir dans les vignes, sur le bord des fossés, dans les prairies avec les vaches et le chevaux, les chaumes, les friches, les labours... Il se nourrit de tout ce qu'il trouve: 
-invertébrés: vers de terre, insectes dont une part importante d'Orthoptères en été (sauterelles, grillons et criquets), escargots...
-vertébrés: reptiles, batraciens, petits mammifères rongeurs, poussins d'oiseaux nichant au sol.
 Il remplit donc une niche écologique vide et ses populations peuvent croître.

   Seules les vagues de froid peuvent limiter les populations car ce héron est sédentaire et peu enclin à voyager pour les adultes nicheurs.


Photo prise au marais de Goulaine en 2019
Dans le jardin

  Nos poussins de Mésanges charbonnières du parpaing ne sont plus là. Nous avons l'impression qu'elles ont été prédatées. Hier les adultes alertaient parce que le chat était à proximité. Puis dans la journée, plus de nourrissage. Pourtant les piquets offraient un rempart. Notre chatte n'est pas portée sur la chasse des oiseaux, pas de plumes ni de cadavre. Un nichoir en hauteur apporte quand même plus de sécurité.
   Les poussins de Mésanges bleues sont toujours dans le nichoirs.

   Une belle femelle d'orvet sous le paillage.

Photo mystère du jour


Jean-Luc Mauges