mercredi 14 septembre 2016

Sortie Orthoptères du 10 septembre à la Varenne

    Temps gris cet après-midi pour changer de ce ciel toujours bleu et risque d'ondées. Nous nous retrouvons au bord de la boire près du camping municipal. Tous les participants sont à l'heure, nous descendons vers le lit sableux et effectuons les premières captures. La pluie s'invite rapidement et nous trouvons refuge sous un frêne têtard comme parapluie.  
    Après les généralités sur la différenciation des sauterelles et des criquets, nous commençons l'identification de nos prisonniers. Pour débuter, nous nous servons de la clé de détermination du cahier technique édité par la fédération des clubs Connaître et Protéger la Nature (CPN).

    Ce petit guide est un bon moyen de débuter dans l'identification des orthoptères. Bien sûr, la clé ne permet pas de reconnaître toutes les espèces mais elle permet d'arriver au moins au genre, ce qui n'est pas si mal.
    Nous détaillons nos criquets et le premier nom compliqué est utilisé: pronotum. C'est la sorte d'armure ou corselet qui protège la première partie dorsale du thorax. Sa forme, ses nervures appelées carènes sont primordiales dans la détermination de nombreuses espèces. Un tegmen, des tegmina: là encore, ce nom scientifique intervient souvent dans les clés. Ce sont les ailes antérieures qui recouvrent les les ailes postérieures comme des élytres.
    Après quelques hésitations, le nom d'espèce de nos deux captifs est trouvé: Euchorthippus declivus, le Criquet des Bromes. C'est un criquet très commun que l'on rencontre dans les prairies, les pelouses.
Criquet des Bromes femelle
Dernier segment de l'abdomen en pointe pour le mâle
    Deux très belles sauterelles femelles de grande taille font découvrir aux participants un étrange appendice à l'extrémité de leur l'abdomen. C'est l'oviscapte ou ovipositeur, sorte d'épée ou de sabre, qui ne sert en rien d'arme mais à déposer les oeufs dans les végétaux ou le sol. La forme de l'oviscapte permet de différencier certaines espèces proches. La tête en coin de nos deux femelles permet de nous diriger vers le genre conocéphale, c'est bien de connaître l'étymologie des noms scientifiques. Nous avons donc deux Ruspolia nitidula, Conocéphale gracieux. Le chant des mâles de cette espèce est un bourdonnement aigu situé dans des fréquences non audibles pour les oreilles vieillissantes.

Conocéphale gracieux femelle
Conocéphale gracieux mâle
Un coup de filet nous propose une autre conocéphale beaucoup plus petit. Nous avons le choix entre deux espèces. Nous nous servons d'un nouveau cahier pour le déterminer : Détermination des Orthoptères de Vendée. Ce cahier possède une clé très simplifiée. Pour chaque espèce, 2 ou 4 photos avec des lignes chiffrées permettent de repérer les critères essentiels de reconnaissance. Comme les espèces de Vendée et du 44 ou du 49 sont presque les mêmes, c'est un excellent outil rapide. 
    Nous déterminons un femelle de Conocephalus fuscus, Conocéphale commun ou bigarré, espèces commune dans les lieux humides.
Femelle de Conocéphale commun

    Nous arpentons le sable de la boire à la recherche d'une espèce rare en dehors de ce milieu. C'est un Criquet très farouche qui s'envole vite et loin. Nous finissons quand même par lui faire visiter notre boîte plexiglass. Aiolopus thalassinus, l'Aïolope émeraudine, les mâles sont plus difficiles à repérer que les femelles par leur livrée très cryptique. Pourtant, nous n'arrivons pas à capturer de femellle mais une larve qui laisse dubitatifs les participants quant à son identification.
Mâle d'Aïolope émeraudine
Larve de d'Aïolope émeraudine
    L'heure passe et nous changeons de lieu pour découvrir d'autres espèces. Nous pénétrons dans un milieu sec, c'est un ancien remblai effectué sur une zone humide, vive la protection de la Nature.
Une sauterelle d'un nouveau genre est capturée. Une Decticelle de petite taille facilement identifiable grâce au carroyage de ses tegmina: Platycleis tessellata, La Decticelle carroyée. Là encore son nom scientifique donne une piste pour sa détermination. Tessellata comme les tesselles: les petits carreaux de mosaïque, merci Nathalie pour ta culture.
Decticelle carroyée mâle
Decticelle carroyée femelle avec son oviscapte court
    Une stridulation audible nous dirige vers une autre decticelle, la bariolée, Roeseliana roeslii. Ses ailes sont beaucoup plus courtes que son abdomen.
Decticelle bariolée femelle
Decticelle bariolée mâle
     Nous changeons encore de milieu. Le long de la route des stridulations courtes attirent mon attention, ce sont des Decticelles cendrées mâles, Pholidoptera griseoatera. Malgré quelques recherches, impossible de les voir. Comme elles se tiennent dans les broussailles et les ronces, nous ne pouvons pas donner de coup de filet. 
Decticelle ou Pholidoptère cendrée mâle
      Tant pis, nous continuons vers le marais praticable en cette saison.
   Un papillon attire mon attention, je pense à un Petit Sylvain. Une fois capturé, c'est Christophe qui a la réponse, c'est une Carte géographique, oui c'est son nom vernaculaire, Araschnia levana. La première génération de ce papillon est orange avec des taches noires et la seconde est totalement différente: noire avec des bandes blanches et oranges; bizarrerie de l'évolution. Sa chenille vit sur l'Ortie dioïque. Protégeons les orties !
Carte géographique, deuxième génération
    Sur la partie sèche de la prairie, le chant de l'Ephippigère carénée, Uromenus rugosicollis se fait entendre mais l'insecte est prudent et se tait à notre approche. Malgré sa grosse taille impossible à voir. 
Ephippigère carénée mâle
    Plus facile à observer, les Criquets des pâtures, Chorthippus parallelus, se reconnaissent à leurs ailes plus courtes surtout pour les femelles. Une femelle de morphe pourprée finit dans notre boîte loupe. 
Criquet des pâtures mâle
Criquet des pâtures femelle, morphe pourprée
    Dans la végétation hygrophile (qui aime les lieux humides), nous ne tardons pas à capturer le magnifique Criquet ensanglanté, Stetophyma grossum. Les femelles sont souvent maculés d'un rouge pourpre qui donne son nom à l'espèce. Ce criquet est inféodé aux milieux humides et devient très menacé par la gestion de ces zones. Nous entendons son chant qui est réduit à des clics sonores.
Criquet ensanglanté mâle
Criquet ensanglanté femelle
    Voilà déjà quatre heures que nous somme sur le terrain et nous n'avons fait que trois endroits. Nous avons pu découvrir ou entendre une dizaine d'espèces d'orthoptères, ce qui est peu dans le monde des insectes. Mais c'est un début et l'année prochaine le CEPS proposera encore une sortie Orthoptères mais sur un autre site. A l'année prochaine.

Toutes les photos de cet article ont été prises pendant d'autres sorties sur des secteurs proches

Jean-Luc Fabre




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samedi 3 septembre 2016

le Grand Indicateur

    Ecoutez en podcast, sur France-Inter, l'excellente émission "Sur les épaules de Darwin" de Jean-Claude Ameisen: "Une ancienne alliance entre un oiseau et les humains".
    Emission consacrée aux relations entre un oiseau, le Grand Indicateur, et des chercheurs de miel menés par ce volatile jusqu'aux nids des abeilles sauvages.
https://www.franceinter.fr/emissions/sur-les-epaules-de-darwin/sur-les-epaules-de-darwin-03-septembre-2016
Une émission à écouter tous les samedis matin à 11h00.
Jean-Luc Galène

vendredi 2 septembre 2016

Prochaine sortie du CEPS, samedi 10 septembre 14h00, les Orthoptères à la Varenne 49

    A la découverte des Orthoptères (sauterelles, grillons, criquets). Un après-midi pour découvrir ces insectes, savoir utiliser des guides, une clé de détermination. Nous capturerons des insectes, les identifierons, les photographierons puis les relâcherons. Quelques heures à quatre pattes le nez dans l'herbe.
    Inscription au 02 40 06 37 76, sur le mail du ceps (à droite sous le programme du groupe) ou à la LPO44 au 02 51 82 02 97 l'après-midi.




Chroniques de la Bréhardière : la Zeuzère du poirier

    Fin juillet, je marche le long du fossé tondu devant chez moi. Mon regard est attiré par une forme blanchâtre sur l’herbe déjà sèche. C’est un papillon de nuit mort que je ne connais pas, normal vu qu’il en existe des milliers d’espèces. Les poils blancs, de son thorax et des premiers segments de son abdomen, forment comme une toison. Comme un retraité a du temps (en théorie), je vole jusqu’à ma bibliothèque et m’empare du guide des chenilles d’Europe de chez DN. Je feuillette les pages et à la p.162 planche 16, je trouve mon bonheur : la Zeurère du poirier, Zeuzera pyrina pour les intimes.

    Direction le texte p.28 où j’apprends avec effroi que les chenilles, après avoir grandi, pénètrent dans le bois des poiriers, entre autres, en forant des galeries. Leur vie larvaire dure deux ou trois ans avant d’émerger en juin-juillet. Je fonce faire le tour de mes poiriers mais je ne détecte aucune trace suspecte de sciure qui s’échapperait d’une galerie. J’ai déjà la sécheresse, pas besoin des chenilles de ce joli papillon dans mon mini-verger.
Jean-Luc Fabre

A mettre dans toutes les mains




jeudi 1 septembre 2016

Chroniques de la Varenne : le Gomphocère roux

    La sortie Orthoptères du CEPS étant pour bientôt, je décide d’aller faire un repérage sur les sites que j’ai pressenti. Le niveau et la durée de la crue de Loire au printemps m’inquiètent. La boire est restée immergée un long moment, ce qui doit nuire à l’éclosion des œufs d’orthoptères déposés l’année précédente. Effectivement, je ne rencontre même pas d’Oedipode turquoise, une espèce qui fréquente les milieux sableux ou dénudés. Par contre, les Aïlopes émeraudines sont présentes mais en petite quantité.
Aïlope émeraudine (Ailopus thalassinus)
    Je me dirige ensuite vers le deuxième point entre boire et coteaux dans un pré clairière. Le long du chemin, des criquets communs sautent à mes pieds, leurs stridulations me sont familières.
Criquet des pâtures
Criquet des Bromes
    Le pré a été fauché mais non pâturé, les sureaux yèbles l’envahissent. Le long des fougères, un criquet assez roux attire mon attention, trois photos avant qu’il ne se sauve. Bingo ! C’est une espèce que je n’ai jamais rencontrée dans les Pays de la Loire. L’extrémité des antennes  est aplatie, élargie et marquée de blanc, c’est un mâle de Gomphocère roux (Gomphocerippus rufus).
   Sur le chemin du retour, à environ 150m, je vois un autre criquet de cette espèce. Cette fois, c’est une femelle, trois photos. 

    De retour à la maison, je consulte aussitôt mes guides, pas de doute sur l’identification. J’ouvre la base de données Faune-Anjou pour consulter la carte de la répartition de ce Gomphocère. Il est bien présent en nord-Loire et sur l’est du département mais absent à l’ouest du sud-Loire. Maintenant il va falloir trouver d’autres individus, nous verrons cela le samedi 10 septembre lors de la sortie Orthoptères qui aura lieu sur ce site.


Jean-Luc Fabre