jeudi 31 janvier 2019

Le gouvernement autorise le braconnage des oies en février

Comme on s'y attendait, après que notre pseudo ministre de de la transition écologique et solidaire ait autorisé la poursuite des chasses traditionnelles, après qu'il ait renoncé à faire extraire les déchets de Stocamine, le voilà maintenant qu'il valide (en infraction avec la Directive Oiseaux), la prolongation de la chasse à l'oie durant le mois de février, en incluant les oies rieuses et des moissons, qui ne sont même pas concernées par le prétexte fallacieux imaginé par les chasseurs et leur lobbyiste Thierry Coste.
En effet, ces derniers accusent à tord les oies cendrées migratrices survolant la France, de commettre des dégâts aux cultures des pays-bas : ce qui est contredit par les études scientifiques.
Oies cendrés, le Marillais  ©

Lire le communiqué de presse de la LPO


Mise à jour : Le 11 février, les oies sont toujours chassées dans certains départements, malgré un arrêt du Conseil d'état en date du 06 février 2019.

André

samedi 19 janvier 2019

Pérégrinations de laridés

   Le 17 octobre 2018, nous arpentons la pointe de St Gildas à Préfailles. Comme d'habitude, un reposoir de laridés occupe le platier à découvert. Nous observons attentivement le groupe à la recherche de l'espèce rare ou à défaut, d'un individu bagué.

  
   Un goéland brun retient notre attention, il est porteur d'une bague couleur avec un code alphabétique. Le goéland est lointain et il est impossible de lire le code, nos longues-vues n'étant équipées que de d'objectifs grossissant 30 fois. Heureusement j'ai sur le dos mon matériel photographique avec un zoom à fort grossissement. Après une approche de «sioux», je suis assez près pour lire les lettres du code quand je recadre l'image sur l'écran arrière de mon boîtier, CWX. Ce n'est pas la photo du siècle mais c'est suffisant pour une identification certaine.


Cliquez sur les photos pour les agrandir

  Un peu plus loin une Mouette mélanocéphale est aussi porteuse d'une bague que j'arrive à photographier. En voulant réduire davantage la distance qui me sépare des oiseaux, je risque de faire envoler tout le reposoir, je fais marche arrière toujours en me dissimilant au maximum. Mes précautions ne servent pas à grand chose puisqu'un promeneur avance sur le platier et disperse tous les laridés...


     Quelques temps après (d'accord, j'ai mis deux mois) je me plonge sur internet pour trouver des renseignements sur ces programmes de baguage.
Un site : European Couleur-Ring Birding, me permet après quelques tâtonnements de trouver les bon programmes.



    Un autre site, dédié au Mouettes mélanocéphales : Mediterranean Gull coulour-ring codes, permet de retrouver aussi des responsables de programme.



    Après mes recherches, j'envoie deux mails aux deux responsables de ces marquages. Les réponses ne se font pas attendre. Le goéland brun a été bagué en Angleterre et la Mouette mélanocéphale en France.

Notre Goéland brun

   C'est un grand voyageur, il a été bagué dans le comté du Gloucestershire à environ 150km à l'ouest de Londres. Il a été bagué 23 février 2008, sans précision sur son âge. Le tableau que j'ai reçu, fait mention de 22 relectures de sa bague CWX.
  • 18/11/08 le Tanchet, les Sables d'Olonne, Vendée 602km
  • 03/10/09 Sion sur l'Océan, les Sables d'Olonne, Vendée 580km
  • 08/10/09 le Tanchet, les Sables d'Olonne, Vendée 602km
  • 22/10/09 le Tanchet, les Sables d'Olonne, Vendée 602km
  • 26/09/10 Pointe de st Gildas, Préfailles, Loire-Atlantique 533km
  • 10/01/11 Gloucester, Gloucestershire, Angleterre 16km
  • 19/10/12 l'Amandeche, les Sables d'Olonne, Vendée 606km
  • 26/10/12 le Tanchet, les Sables d'Olonne, Vendée 602km
  • 14/11/12 Champteusse sur Baconne, Maine et Loire 487km
  • 15/11/12 Champteusse sur Baconne, Maine et Loire 487km
  • 17/01/13 Horsehay, Telford and Wrekin Angleterre 84km
  • 22/01/13 Horsehay, Telford and Wrekin Angleterre 84km
  • 24/01/13 Horsehay, Telford and Wrekin Angleterre 84km
  • 18/08/13 plage de Kernigou, Tregoat, Finistère 478km
  • 23/08/13 Kerrest, Plozevet, Finitère 471km
  • 06/10/15 le Tanchet, les Sables d'Olonne, Vendée 602km
  • 02/11/15 le Tanchet, les Sables d'Olonne, Vendée 602km
  • 16/11/15 le Tanchet, les Sables d'Olonne, Vendée 602km
  • 12/10/16 le Tanchet, les Sables d'Olonne, Vendée 602km
  • 09/11/17 Lacanau, Gironde 782km
  • 17/10/18 Pointe de st Gildas, Préfailles, Loire-Atlantique 533km
  • 22/11/18 Champteusse sur Baconne, Maine et Loire 487km

Les différents points de contrôle : Les trajets représentés ne relient que les points de lecture et ne représentent pas les pérégrinations réelles de ce goéland

   Que pouvons nous en tirer comme conclusions ?

   Cet oiseau a déjà vécu 10 ans et 272 jours au minimum à partir de son baguage. Et comme il a été bagué en février 2008, on peut logiquement supposer qu'il n'était pas poussin et que nous pouvons lui rajouter au moins 9 mois de vie s'il est né au printemps 2007.

Dans ses stationnements français, il est assez fidèle aux mêmes lieux.

-Les Sables d'Olonne sont visités en automne 2008, 2009, 2012, 2015, 2016 avec 10 observations.
-La pointe de St Gildas en automne 2010 et 2018
-Champteusse sur Baconne en novembre 2010 et 2018. Il y un centre d'enfouissement de déchets sur cette commune.

   Les données anglaises sont hivernales en janvier 2011 sur un site et sur un site différent en 2013.

   Les deux seules données d'été sont dans le Finistère en août 2013.

   Aucune donnée de printemps en période de nidification n'est disponible. On ne sait donc pas où il niche. Mais comme les données de fin d'hiver se trouvent en Angleterre on peut supposer qu'il nidifie dans ce pays. Quand on connaît la passion des ornithologues anglais, il se rend sans doute sur un lieu difficile d'accès et passe inaperçu.

   Malgré sa taille et une bague bien visible, ce goéland n'est pas signalé si souvent, aucune donnée en 2014. Bien évidemment, une bague n'est pas une balise GPS et ne dépend que de l'intérêt que portent les ornithologues à ce travail scientifique. Sur le tableau reçu, je m'aperçois que les données vendéennes ne sont transmises par deux personnes.
   Même une mauvaise photo avec un smartphone à travers l'oculaire d'une longue-vue peut apporter beaucoup de renseignements sur la vie d'un oiseau. Faites des essais et tenez-vous prêt pour la prochaine apparition du CWX.


La Mouette mélanocéphale RU1P

   Notre mouette a été baguée poussin le 28/06/2016 à Lanchères à la maison de l'oiseau dans la Somme. 

   Ensuite, elle suit sans doute un camping-car de retraités et se retrouve au Maroc vers le parc national de Tamri le 28/01/2018.

vue du parc national de Tamri au Maroc, c'est sec !

   Le 21 mai de la même année elle stationne au polder de Sébastopol, Vendée et y est encore notée le 23/06/2018. Elle a l'âge de se reproduire.

   Le 17/10/2018, je la photographie à la pointe de St Gildas, Préfailles, Loire-Atlantique.

   Vu son jeune âge, il n'est pas encore possible d'en tirer beaucoup de conclusion. Mais c'est quand même une belle voyageuse. Baie de somme/Maroc 2400km environ en ligne droite.

   Il est dommage de ne pas avoir plus d'articles en français de la part des bagueurs sur leurs travaux surtout récents.

   La Mouette mélanocéphale est une acquisition relativement récente de notre avifaune nicheuse. A l'origine, cette mouette était nicheuse en Mer Noire, en Turquie et en Grèce. C'est en 1965 que les premiers couples s'installent en Camargue. Mais c'est dans les années 80 que son expansion commence en France.
   Dans l'atlas de 1985-89, elle niche dans 9 départements. Aujourd'hui, sa répartition est beaucoup plus large avec plus de 25 départements mais ce ne sont souvent que quelques couples dans des colonies de Mouettes rieuses.
   Les nicheurs des pays de la Loire atteignent en 2011-2012, environ un quart des effectifs français. Mais le nombre de reproducteurs peut fluctuer rapidement en Vendée, on passe de 2367 couples en 2011 à 1635 couples en 2012. Cette même année, la Loire-Atlantique accueillent 15 couples sur Grand-Lieu et la Brière.
   Le meilleur site pour observer une colonie de Mouettes mélanocéphales en reproduction, est le polder de Sébastopol sur l'île de Noirmoutier en Vendée (accès libre).

Jean-Luc Lorfèvre 

 A lire:
ETUDE D’UNE COLONIE DE MOUETTE MELANOCEPHALE Larus melanocephalus EN BASSE VALLEE DE LA MARNE : PREMIERS RESULTATS
http://medgull.free.fr/papers/LePasser42-2(2005)108-116.pdf

De nombreux articles en anglais sont disponibles sur ce site en cliquant sur PAPERS dans le menu.

samedi 5 janvier 2019

Une vasque comme couffin


   Après des jours de grisaille, il fait beau ce jeudi 3 janvier,  il est temps de nous remuer. Mais pas de voiture, nous partirons à pied de la maison. Circuit habituel, nous descendrons sur la Divatte, remontrons un vallon boisé et terminerons par les vignes.
   Le vallon boisé est parcouru par un ruisseau temporaire creusé parfois profondément. De mini- cascades forment quelques vasques où l'eau persiste entre les pluies. Je vais y jeter un coup d'oeil. Depuis la berge surplombante, sur le fond à travers l'eau claire, une brindille attire mon attention. Avec les jumelles je distingue une larve de Salamandre tachetée. Je descends jusqu'à l'eau et fouille du regard le fond de la vasque et je trouve une deuxième larve. Elles sont de petite taille et ne peuvent avoir été pondues que récemment. En général, c'est plutôt à la mi-janvier que se produisent les premières pontes et par des nuits douces. Un ami, que je viens de consulter, me dit avoir trouver le 18 décembre dernier des larves de salamandres près de Bordeaux (33). La naissance des miennes date sûrement de décembre quand le temps était clément. Vu leur taille, elle ne peuvent pas dater du printemps précédent. J'ai bien fait de regarder par acquis de conscience. Je visite une autre vasque juste en amont et je découvre encore trois larves.

Larve de Salamandre tachetée

   Je me demande comment elles peuvent survivre en cette saison dans ces eaux sans grande nourriture, en apparence. Je devrais suivre leur évolution au cours de la saison, c'est près de chez moi et je m'encroûte à la retraite !
   Les salamandres adultes ne vivent pas dans l'eau, ce sont des animaux terrestres mais elles recherchent en général la fraîcheur des sous-bois. A partir d'octobre par des nuits douces et pluvieuses, les mâles s'aventurent à la recherche des femelles. L'accouplement des salamandres est terrestre. Le développement des œufs se déroule dans le ventre des femelles. Elles ne vont à l'eau que pour y pondre. Les œufs éclosent au moment où ils sont expulsés, juste avant ou après. Les larves déjà formées ont une grosse tête avec une touffe de branchies de chaque côté du cou, leurs quatre pattes, leur queue. On pourrait les confondre avec des larves de tritons mais une tache jaune à la base de chaque patte les en distingue.

Larve de triton sp, notez la tête triangulaire

   Le développement et la métamorphose des larves dépendent de la nourriture disponible, deux à trois mois minimum sont nécessaires pour voir une minisalamandre sortir de l'eau.
   Une fois hors de leur berceau aquatique, divers dangers guettent notre amphibien. Les carabes, gros coléoptères qui arpentent les forêts, les attaquent volontiers. Ensuite viendra le danger de la traversée des routes avec la circulation routière.

   En Loire-Atlantique, la Salamandre tachetée est pratiquement présente sur tout le territoire mais c'est un amphibien difficile à observer. Nocturne, il faudra la rechercher par les nuits pluvieuses et ce sont ses larves qui seront le plus faciles à découvrir dans les petits ruisseaux, flaques, abreuvoirs, lavoirs ... 


(Photos de larves d'après de vieille diapositives)

Jean-Luc Lefrançois (1er)


A lire: 
-Revue la Salamandre n°248 d'octobre novembre 2018
-Les Amphibiens et les reptiles de la Loire-Atlantique à l'aube du XXIe siècle (Editions de mare en mare)