samedi 5 janvier 2019

Une vasque comme couffin


   Après des jours de grisaille, il fait beau ce jeudi 3 janvier,  il est temps de nous remuer. Mais pas de voiture, nous partirons à pied de la maison. Circuit habituel, nous descendrons sur la Divatte, remontrons un vallon boisé et terminerons par les vignes.
   Le vallon boisé est parcouru par un ruisseau temporaire creusé parfois profondément. De mini- cascades forment quelques vasques où l'eau persiste entre les pluies. Je vais y jeter un coup d'oeil. Depuis la berge surplombante, sur le fond à travers l'eau claire, une brindille attire mon attention. Avec les jumelles je distingue une larve de Salamandre tachetée. Je descends jusqu'à l'eau et fouille du regard le fond de la vasque et je trouve une deuxième larve. Elles sont de petite taille et ne peuvent avoir été pondues que récemment. En général, c'est plutôt à la mi-janvier que se produisent les premières pontes et par des nuits douces. Un ami, que je viens de consulter, me dit avoir trouver le 18 décembre dernier des larves de salamandres près de Bordeaux (33). La naissance des miennes date sûrement de décembre quand le temps était clément. Vu leur taille, elle ne peuvent pas dater du printemps précédent. J'ai bien fait de regarder par acquis de conscience. Je visite une autre vasque juste en amont et je découvre encore trois larves.

Larve de Salamandre tachetée

   Je me demande comment elles peuvent survivre en cette saison dans ces eaux sans grande nourriture, en apparence. Je devrais suivre leur évolution au cours de la saison, c'est près de chez moi et je m'encroûte à la retraite !
   Les salamandres adultes ne vivent pas dans l'eau, ce sont des animaux terrestres mais elles recherchent en général la fraîcheur des sous-bois. A partir d'octobre par des nuits douces et pluvieuses, les mâles s'aventurent à la recherche des femelles. L'accouplement des salamandres est terrestre. Le développement des œufs se déroule dans le ventre des femelles. Elles ne vont à l'eau que pour y pondre. Les œufs éclosent au moment où ils sont expulsés, juste avant ou après. Les larves déjà formées ont une grosse tête avec une touffe de branchies de chaque côté du cou, leurs quatre pattes, leur queue. On pourrait les confondre avec des larves de tritons mais une tache jaune à la base de chaque patte les en distingue.

Larve de triton sp, notez la tête triangulaire

   Le développement et la métamorphose des larves dépendent de la nourriture disponible, deux à trois mois minimum sont nécessaires pour voir une minisalamandre sortir de l'eau.
   Une fois hors de leur berceau aquatique, divers dangers guettent notre amphibien. Les carabes, gros coléoptères qui arpentent les forêts, les attaquent volontiers. Ensuite viendra le danger de la traversée des routes avec la circulation routière.

   En Loire-Atlantique, la Salamandre tachetée est pratiquement présente sur tout le territoire mais c'est un amphibien difficile à observer. Nocturne, il faudra la rechercher par les nuits pluvieuses et ce sont ses larves qui seront le plus faciles à découvrir dans les petits ruisseaux, flaques, abreuvoirs, lavoirs ... 


(Photos de larves d'après de vieille diapositives)

Jean-Luc Lefrançois (1er)


A lire: 
-Revue la Salamandre n°248 d'octobre novembre 2018
-Les Amphibiens et les reptiles de la Loire-Atlantique à l'aube du XXIe siècle (Editions de mare en mare)