Après des jours de grisaille, il fait beau ce jeudi 3 janvier, il est temps de nous remuer. Mais pas
de voiture, nous partirons à pied de la maison. Circuit habituel,
nous descendrons sur la Divatte, remontrons un vallon boisé et
terminerons par les vignes.
Le vallon boisé est parcouru par un
ruisseau temporaire creusé parfois profondément. De mini- cascades
forment quelques vasques où l'eau persiste entre les pluies. Je vais
y jeter un coup d'oeil. Depuis la berge surplombante, sur le fond à
travers l'eau claire, une brindille attire mon attention. Avec les
jumelles je distingue une larve de Salamandre tachetée. Je descends
jusqu'à l'eau et fouille du regard le fond de la vasque et je trouve
une deuxième larve. Elles sont de petite taille et ne peuvent avoir
été pondues que récemment. En général, c'est plutôt à la
mi-janvier que se produisent les premières pontes et par des nuits
douces. Un ami, que je viens de consulter, me dit avoir trouver le 18 décembre dernier des larves de salamandres près de Bordeaux (33). La naissance des miennes date sûrement de décembre quand le temps
était clément. Vu leur taille, elle ne peuvent pas dater du printemps
précédent. J'ai bien fait de regarder par acquis de conscience. Je
visite une autre vasque juste en amont et je découvre encore trois
larves.
Larve de Salamandre tachetée
Je me demande comment elles peuvent
survivre en cette saison dans ces eaux sans grande nourriture, en apparence. Je
devrais suivre leur évolution au cours de la saison, c'est près de
chez moi et je m'encroûte à la retraite !
Les salamandres adultes ne vivent pas
dans l'eau, ce sont des animaux terrestres mais elles recherchent
en général la fraîcheur des sous-bois. A partir d'octobre
par des nuits douces et pluvieuses, les mâles s'aventurent à la
recherche des femelles. L'accouplement des salamandres est terrestre.
Le développement des œufs se déroule dans le ventre des femelles.
Elles ne vont à l'eau que pour y pondre. Les œufs éclosent au
moment où ils sont expulsés, juste avant ou après. Les larves déjà formées ont
une grosse tête avec une touffe de branchies de chaque côté du
cou, leurs quatre pattes, leur queue. On pourrait les confondre avec
des larves de tritons mais une tache jaune à la base de chaque patte
les en distingue.
Larve de triton sp, notez la tête triangulaire
Le développement et la métamorphose
des larves dépendent de la nourriture disponible, deux à trois mois
minimum sont nécessaires pour voir une minisalamandre sortir de
l'eau.
Une fois hors de leur berceau aquatique, divers dangers guettent notre amphibien. Les carabes, gros coléoptères qui
arpentent les forêts, les attaquent volontiers. Ensuite viendra le
danger de la traversée des routes avec la circulation routière.
En Loire-Atlantique, la Salamandre
tachetée est pratiquement présente sur tout le territoire mais
c'est un amphibien difficile à observer. Nocturne, il faudra la
rechercher par les nuits pluvieuses et ce sont ses larves qui seront
le plus faciles à découvrir dans les petits ruisseaux, flaques,
abreuvoirs, lavoirs ...
(Photos de larves d'après de vieille diapositives)
Jean-Luc Lefrançois (1er)
A lire:
-Revue la Salamandre n°248 d'octobre novembre 2018
-Les Amphibiens et les reptiles de la Loire-Atlantique à l'aube du XXIe siècle (Editions de mare en mare)