samedi 9 mars 2019

chroniques du marais de Goulaine 7 mars 2019

   Les perturbations se suivent et se ressemblent mais aujourd'hui la pluie devrait se faire rare.
Le niveau du marais est remonté, les bottes ne suffisent pas pour détacher la barque mais comme j'ai les waders, pas de problème. Direction notre mirador affût, installé au plus près d'une des colonies de la héronnière. Enfin c'est plutôt les ardéidés qui se sont rapprochés année après année à proximité de notre construction. Depuis début février je ne suis pas revenu sur le site, j'ai laissé les hérons s'installer et j'ai été pris par le recensement des Grèbes à cou noir et d'autres prospections. Les derniers coups de vent ont fait du dégât sur l'écran qui nous permet d'atteindre l'affût sans être vu de nos grands échassiers. Des fils de fer ont cassé et les toiles flottent comme des bannières. Je répare l'écran car, prévoyant, j'ai laissé du fil de fer dans le mirador. 

Je n'ai même pas encore installé mon matériel photo, que deux busards des roseaux se poursuivent en criant. Je n'ai pas eu le temps de voir si c'était le couple de l'année dernière.


   Les saules n'ayant pas encore leurs feuilles, j'arrive à deviner de nombreux nids de hérons cendrés, au moins une trentaine mais je sais par expérience que cette colonie doit sans doute atteindre 60-80 couples. Certains oiseaux sont déjà couchés sur leur nid, patients sous les rafales de vent. D'autres stationnent debout sur les nids, gardant la place car les vols de branchages ne sont pas rares. Pourquoi s'embêter quand il suffit de se servir chez un voisin absent !

   Les cris sont incessants, saluant les arrivées de conjoints ou de voisins trop "collants".


cliquez sur les photos pour les agrandir




  Les gardeboeufs sont aussi installés, certains paraissent déjà couver mais leurs nids sont plus dissimulés dans les "bouillées" de saules et plus difficiles à observer.  



       Nous avons dégagé une placette dans les roseaux devant l'affût jusqu'à un saule qui est tombé l'année dernière. Nous espérons que des hérons se percherons dessus pour se toiletter ou pêcher et pourquoi pas un martin prenant la pose.


   Plus lointaine une ligne de saules paraît abriter des Grandes Aigrettes car je devine deux taches blanches. Je n'attends pas longtemps pour voir effectivement des oiseaux s'activant. C'est loin mais je déclenche quelques rafales pour voir si ces oiseaux sont bagués (voir ancien article de 2017 sur des Grandes Aigrettes baguées). Bingo ! deux oiseaux sont bagués avec des couleurs qui ne laissent aucun doute. Dans quelques temps j'aurai la réponse Loïc Marion responsable du baguage et connaîtrai leur lieu de naissance et leur âge.









    Je n'attends pas longtemps avant qu'un cendré se perche sur le saule couché. Magnifique ! A cette époque les becs sont orangés et les plumes nuptiales ne sont pas usées. Il commence un brin de toilette.





   Finalement, la proximité ne facilite pas la mise au point, car le sujet bouge souvent et il est compliqué de choisir le bon collimateur dans le viseur. Avec un appareil plus évolué et beaucoup plus cher, j'aurais sans doute de meilleurs résultats mais ma femme n'est pas d'accord ainsi que mon banquier qui font fi de considérations techniques


   Ceux que j'espérais arrivent, des Ibis falcinelles. Six oiseaux descendent directement dans la colonie, un seul reste légèrement visible mais à contre-jour je ne suis pas sûr qu'il soit adulte. Je n'ai même pas le temps de faire une correction d'exposition qu'il rejoint ses congénères plus bas. Leur présence ne suffit pas pour le moment à dire qu'ils seront nicheurs, ces oiseaux sont assez nomades, mais ils ont niché l'année dernière sur un autre secteur de la héronnière. Alors je croise les doigts.



   Dans l'enchevêtrement des branches, je tombe sur un couple de Bihoreau gris. Ces oiseaux nichent plus bas dans les saules et il est difficile de bien les observer à proximité de l'affût, même s'ils sont très nombreux à Goulaine.
Le saule couché les attirera peut-être.
  Au pied du mirador une foulque profite de la placette et s'active en recherchant sa nourriture. Elle plonge pour arracher des pousses de roseau, dont elle mange la partie blanche et tendre.



   Les heures passent et il est temps de rentrer. Du grand peuplier mort décolle un rapace, un faucon, un pèlerin ! Un immature. Le zoom est dans son bidon étanche, dans le sac étanche. Je n'essaye même pas de le sortir et je profite simplement du spectacle.


Jean-Luc le Pieux