lundi 15 juin 2015

CRIS ET CHUINTEMENTS…

Elle crie, ronfle, crisse, chuinte, se plaint, souffle, soupire, siffle et peut-être les soirs d’été l’entendez-vous lorsque vous dormez la fenêtre ouverte. Ces cris sont à l’origine de bien des craintes et légendes car on les entend souvent près des maisons. Ils font penser à des fantômes en goguette...
Non, ce n’est pas votre voisine, celle dont les ronflements traversent vos murs. Pourtant il s’agit bien d’une dame. Mais celle-ci est svelte, gracieuse, élégante, pour tout dire aérienne et habite peut-être près de chez vous sans que vous ne l’ayez jamais remarquée ou alors si fugitivement un soir que vous vous êtes demandé s’il ne s’agissait pas d’un spectre.
Elle s’appelle l’Effraie des clochers ou chouette Effraie, on la surnomme la Dame blanche. C’est la plus commune des chouettes. Son visage en forme de cœur est caractéristique. On la voit facilement car sa couleur blanche la rend plus visible que les autres rapaces nocturnes, qu’elle apprécie la présence de l’homme et qu’elle est peu farouche. Le couple est uni pour la vie et lorsque l’un des deux est tué par une voiture, il est fréquent que le deuxième, en tournant auprès du cadavre, soit tué aussi.
Citadine et villageoise, elle aime les espaces découverts et évite les zones boisées.
On la trouve donc dans les zones cultivées avec des arbres clairsemés, des arbustes et des haies. Pour nicher, elle affectionne les vieux bâtiments, les granges, les ruines, les trous d’arbres et comme son nom l’indique les...clochers. Elle est très fidèle à son site. C’est ainsi qu’à La Varenne par exemple, à Gasselin, une Effraie niche dans des trous de frênes depuis des années et qu’elle est restée longtemps dans un bâtiment à La Basse Jagotière, jusqu’à ce que le toit s’étant écroulé elle ait été obligée de choisir un autre abri.
Cette superbe chouette est assez commune, mais la disparition ou rénovation des vieux bâtiments ainsi que les grillages sur les clochers pour évincer les pigeons, diminuent ses sites de repos et de reproduction.
C’est pourquoi, des membres du conseil municipal, aidés de naturalistes Varennais, ont posé un nichoir dans le clocher de la commune. Le principe consiste en une caisse ayant une ouverture sur l’extérieur de l’église pour que la chouette puisse entrer. La caisse elle-même occulte le reste de l’ouverture empêchant ainsi toute intrusion dans le clocher et donc toutes les salissures. (Merci à Aurélien pour la fourniture du bois et la réalisation du nichoir).
Photo : J.Lemore

En échange de ce T2 (comprenant couloir et chambre de reproduction), la future locataire s’est engagée à boulotter les petits rongeurs des environs.
Si, pour l’instant, l’Effraie ne s’est pas encore installée, c’est déjà un couple de Choucas des tours qui s’est reproduit et élève ses jeunes. On suivra l’éventuel changement de locataires qui viendra peut-être.
Après digestion, l’Effraie rejette par le bec des boulettes composées d’os et de poils que ses sucs gastriques n’ont pas dissous. Ce sont les pelotes de rejection. Les ossements analysés par des scientifiques permettent de savoir précisément ce qu’elle consomme. Dans des pelotes récoltées sur l’Ile Neuve au Cellier, l’Ile Bridon et Gasselin à La varenne, Le Cul du Moulin à Champtoceaux et le Tertre à Oudon, on a retrouvé 76% de rongeurs (campagnols, mulots, souris…) ; 22% d’insectivores (musaraignes) et 2% de batraciens et oiseaux.
Un appel est lancé par les Naturalistes Angevins et d’autres associations locales qui recherchent des sites où niche l’Effraie. Les pelotes seront récoltées et analysées afin de mieux connaitre la variété et la répartition des petits rongeurs sur le département.
Vous savez où se trouve un arbre, un moulin, une grange ou se repose cette chouette ou un lieu où on peut récolter ces pelotes ? Prenez directement contact avec nous, nous viendrons les chercher :
Pour en savoir plus sur les mammifères du département :
Les autres nocturnes que l’on peut observer sur La Varenne sont la Chevêche d’Athéna (ou Chouette Chevêche), la Chouette Hulotte (ou Chat-huant) et le Hibou Moyen-duc.
Jacques