Elle
crie, ronfle, crisse, chuinte, se plaint, souffle, soupire, siffle
et peut-être les soirs d’été l’entendez-vous lorsque vous
dormez la fenêtre ouverte.
Ces cris sont
à l’origine de bien des craintes et légendes car on les entend
souvent près des maisons. Ils font penser à des fantômes en
goguette...
Non,
ce n’est pas votre voisine, celle dont les ronflements traversent
vos murs. Pourtant il s’agit bien d’une dame. Mais celle-ci est
svelte, gracieuse, élégante, pour tout dire aérienne et habite
peut-être près de chez vous sans que vous ne l’ayez jamais
remarquée ou alors si fugitivement un soir que vous vous êtes
demandé s’il ne s’agissait pas d’un spectre.
Elle
s’appelle l’Effraie des clochers ou chouette Effraie, on
la surnomme la Dame blanche. C’est la plus commune des chouettes.
Son visage en forme de cœur est
caractéristique. On la voit facilement car sa couleur blanche
la rend plus visible que les autres rapaces
nocturnes, qu’elle apprécie la présence de l’homme et
qu’elle est peu farouche. Le couple est uni pour la vie et lorsque
l’un des deux est tué par une voiture, il est fréquent que le
deuxième, en tournant auprès du cadavre, soit tué aussi.
Citadine
et villageoise, elle aime les espaces découverts et évite les zones
boisées.
On
la trouve donc dans les zones cultivées avec des arbres clairsemés,
des arbustes et des haies. Pour nicher, elle affectionne les vieux
bâtiments, les granges, les ruines, les trous d’arbres et comme
son nom l’indique les...clochers. Elle est très fidèle à son
site. C’est ainsi qu’à La Varenne par exemple, à Gasselin, une
Effraie niche dans des trous de frênes depuis des années et qu’elle
est restée longtemps dans un bâtiment à La Basse Jagotière,
jusqu’à ce que le toit s’étant écroulé elle ait été obligée
de choisir un autre abri.
Cette superbe chouette est assez commune, mais la disparition ou rénovation des vieux bâtiments ainsi que les grillages sur les clochers pour évincer les pigeons, diminuent ses sites de repos et de reproduction.
Cette superbe chouette est assez commune, mais la disparition ou rénovation des vieux bâtiments ainsi que les grillages sur les clochers pour évincer les pigeons, diminuent ses sites de repos et de reproduction.
C’est
pourquoi, des membres du conseil municipal, aidés de
naturalistes Varennais, ont posé un nichoir dans le clocher de la
commune. Le principe consiste en une
caisse ayant une ouverture sur l’extérieur de l’église pour que
la chouette puisse entrer. La caisse elle-même occulte le reste de
l’ouverture empêchant ainsi toute intrusion dans le clocher et
donc toutes les salissures. (Merci à Aurélien pour la fourniture
du bois et la réalisation du nichoir).
Photo : J.Lemore
En échange de ce T2
(comprenant couloir et chambre de reproduction), la future locataire
s’est engagée à boulotter les petits rongeurs des environs.
Si,
pour l’instant, l’Effraie ne s’est pas encore installée, c’est
déjà un couple de Choucas des tours qui s’est reproduit et élève
ses jeunes. On suivra l’éventuel changement de locataires qui
viendra peut-être.
Après
digestion, l’Effraie rejette par le bec des boulettes composées
d’os et de poils que ses sucs gastriques n’ont pas dissous. Ce
sont les pelotes de rejection. Les ossements analysés par des
scientifiques permettent de savoir précisément ce qu’elle
consomme. Dans des pelotes récoltées sur l’Ile Neuve au Cellier,
l’Ile Bridon et Gasselin à La varenne, Le Cul du Moulin à
Champtoceaux et le Tertre à Oudon, on a retrouvé 76% de rongeurs
(campagnols, mulots, souris…) ; 22% d’insectivores
(musaraignes) et 2% de batraciens et oiseaux.
Un
appel est lancé par les Naturalistes Angevins et d’autres
associations locales qui recherchent des sites où niche l’Effraie.
Les pelotes seront récoltées et analysées afin de mieux connaitre
la variété et la répartition des petits rongeurs sur le
département.
Vous
savez où se trouve un arbre, un moulin, une grange ou se repose
cette chouette ou un lieu où on peut récolter ces pelotes ?
Prenez directement contact avec nous, nous viendrons les chercher :
Pour
en savoir plus sur les mammifères du
département :
Les autres nocturnes que l’on peut observer sur La Varenne sont la Chevêche d’Athéna (ou Chouette Chevêche), la Chouette Hulotte (ou Chat-huant) et le Hibou Moyen-duc.
Jacques