Ça,
à La Varenne, Champtoceaux et tout Orée d'Anjou, on est d'accord.
Les yeux bleus sont un avantage incontestable en termes de
séduction ! Bien plus que les autres couleurs quelles qu'elles
soient. Et si vous n'êtes pas d'accord, c'est parce que vous êtes
jaloux. Si, en plus vous avez la grâce, la légèreté et que
vous portez un beau costard noir, alors vous avez tout pour vous et
tout le monde sera à vos pieds. Sauf... Sauf si, trop gourmand
et sans gêne vous vous empiffrez des cerises de votre voisin sans
lui en laisser une seule, ou que vous vous régalez des semis que
vient de faire l'agriculteur du coin. Alors, gare à vous , ça
pourrait chauffer. C'est le cas du choucas
des tours, cet oiseau qui passe inaperçu car il est
souvent confondu avec le corbeau ou la corneille qui sont pourtant
bien plus moches que lui.
Ce sont tous des corvidés. De plumage
noir, communs, ils se nourrissent en bandes et se retrouvent souvent
ensemble dans les champs. « Mais alors », vous
écriez-vous affolé comme un homme politique perdant ses électeurs,
« comment s'y retrouver dans ce bazar »? Le
corbeau freux (ou le freux) ainsi que la corneille noire (ou la
grolle) sont beaucoup plus grands que le choucas. On a vu que
celui-ci était noir comme ses cousins mais il est bien plus petit
(la taille d'une poule d'eau) et ses cris ne ressemblent absolument
pas aux croassements rauques des corbeaux et corneilles mais est
plutôt à un jouet en plastique sur lequel on appuie. Une sorte de
« tchiok » assez nasillard . Peut-être est-ce pour cela
qu'autrefois, il était surnommé « chochotte », ce
délicat ?
Le plus simple pour apprendre à reconnaître son cri est de vous promener vers l'église ou le château (ou vous installer avec un petit remontant sur la terrasse de La Varennaise quand il n'y a pas trop de bruit). Vous verrez et entendrez alors les quelques couples qui fréquentent les alentours. Si on le regarde attentivement, on remarque que sa nuque, ses joues, sa poitrine et ses flancs ne sont pas noirs mais gris. On a déjà dit que ses yeux sont bleus (bon, c'est vrai plutôt gris-bleus), ce qui lui donne un regard très particulier. Le regard joue d'ailleurs un grand rôle dans la vie sociale de cet oiseau qui ne vit jamais seul mais en colonies. Ainsi lorsqu'un mâle rencontre une femelle qu'il trouve particulièrement séduisante, il la regarde intensément sans plus la lâcher des yeux. Si la belle, indifférente, s'envole, le mâle laisse tomber. Mais quand elle est sensible à l'énamouré qui s'attarde sur elle, elle se garde bien de s'envoler. Toute coquette le sait, pour se faire aimer, il faut se faire désirer. Alors la jeune femelle regarde partout autour d'elle, bougeant la tête sans arrêt mais en prenant bien garde de ne jamais croiser directement le regard du séducteur transis ! Et pourtant, par de très brefs coups d'œil elle vérifie bien qu'il ne se lasse pas et surtout, que le séducteur à parfaitement compris que son indifférence est feinte et qu'elle est en réalité, sensible à sa cour. Quand elle considère que le jeu a assez duré elle s'incline devant le soupirant. Alors le couple est formé. Pour la vie sauf accident, car un couple de choucas ne « divorce » jamais et mâle et femelle ne se séparent quasiment pas, même quotidiennement. Les choucas peuvent vivre 15 ans et plus. Leurs unions durent donc souvent plus longtemps que celles de bien des humains...
Le
choucas, originaire du nord de l'Europe, a colonisé la France dans
les années 20. Il est apparu en Bretagne dans les années soixante
et maintenant, il est présent dans la quasi totalité de la France.
Nos choucas sont sédentaires mais ils sont rejoints l'hiver par des
individus venus du nord, parfois de très loin comme celui bagué
venu de Lituanie et repris près de Poitiers, soit près de 2000 kms.
Si le choucas, évite les hautes montagnes et les forêts, il
fréquente tous les lieux ou l'homme lui offre gîte et couvert. En
effet, pas difficile, il se nourrit de tout et surtout de ce qui est
le plus abondant. En fonction des lieux et des saisons il avalera
donc surtout des insectes, des limaces et escargots mais aussi des
fruits (comme vos cerises que vous guettiez pourtant), de graines
(d'où la colère de certains agriculteurs), des restes de repas…
On a beau lui dire, il ne comprend pas que ce sont VOS cerises et
graines. Cavernicole, il va donc installer son nid dans des cavités
et il apprécie fort les églises, châteaux et autres bâtisses
avec de la hauteur et des murs de pierres, d'où son nom (choucas
des tours). Il peut aussi nicher dans les cavités des arbres
comme les platanes. Pour résumer, il niche plutôt dans les bourgs
et se nourrit en campagne.
Les
dégâts qu'il peut commettre, le font peu apprécier par les
agriculteurs et des demandes d'autorisations de destructions de plus
en plus nombreuses concernent cet oiseau, qui au contraire des
corbeaux et corneilles, est protégé.
Jac
Hady